À travers la France, les indemnités journalières (IJ) d’arrêt maladie explosent, et le phénomène inquiète les caisses d’assurance maladie. Certaines régions sont particulièrement touchées, comme la Bourgogne–Franche-Comté, où le taux d’augmentation atteint 8 %, quand la moyenne nationale se situe à 4,6 %, d’autant que cette hausse n’est pas totalement justifiée, comme le révèle le médecin-conseil régional. Une mesure de soin difficile à « doser » Le docteur Jean-Marc Vandendriessche est médecin-conseil régional de l’assurance maladie, mais également directeur-coordonnateur de la gestion des risques des huit CPAM que compte la Bourgogne–Franche-Comté. Pour ce professionnel, les indemnités journalières sont inévitables lorsque l’état d’une personne l’empêche d’exercer son activité. La difficulté réside dans le « dosage » de cette forme de prescription médicale, les excès expliquant la part non justifiée de l’explosion des IJ, même si la plupart des médecins s’efforcent de prendre la bonne décision, et que le dispositif est assorti d’obligations telles que les horaires de sortie et de contrôles. De plus, un effet secondaire est que certains patients redoutent la reprise, et que leur arrêt est continuellement reconduit. Or, après un semestre d’absence, la moitié de ces salariés risquent le licenciement. Une action de prévention et d’accompagnement s’impose par conséquent, en collaboration avec le médecin traitant, pour éviter la désinsertion professionnelle. Cela passe notamment par une adaptation du poste de travail, afin que le travailleur reste apte pour son métier à son retour. De plus, pour ceux qui auraient un crédit logement en cours de remboursement, la prise en charge des arrêts de travail de travail dans le cadre d’une assurance de prêt immobilier est limitée. Aussi, ces emprunteurs s’exposent à de grosses difficultés pour payer leurs échéances restantes. Forte progression des accidents des AT-MP Si le mouvement est général, les accidents du travail et les maladies professionnelles (AT-MP) connaissent une progression plus marquée. Le recul de l’âge de départ à la retraite est l’un des facteurs aggravants, les seniors étant plus fréquemment sujets aux arrêts maladie. Important Les acteurs de l’assurance maladie notent également des disparités avec par exemple un nombre d’accidents du travail nettement supérieur dans le secteur de l’aide à la personne. Même entre les établissements d’une branche, des écarts relativement importants sont observés, ce qui nécessite d’inciter les employeurs concernés à prendre les mesures correctives appropriées. De même, les médecins qui ont tendance à prescrire beaucoup d’arrêts, ainsi que les assurés qui les sollicitent, doivent être approchés et sensibilisés. Plus largement, selon le docteur Vandendriessche, de gros efforts sont à fournir en matière de communication, d’accompagnement et de contrôle, car toutes les parties prenantes ont une responsabilité dans la situation et la flambée des dépenses qui en résulte, la part de la fraude étant estimée à 1 % seulement. Vandendriessche