Ces dernières années, les plateformes de courtage sans commission se sont multipliées en Europe. Une montée en puissance que les autorités de régulation du secteur voient d’un très mauvais œil. Selon elles, ces néo-courtiers incitent les particuliers à prendre des risques démesurés. L’Autorité des marchés financiers (AMF) met ainsi les consommateurs en garde contre ces offres alléchantes qui dissimulent parfois des pratiques frauduleuses. Chypre : une destination privilégiée des néo-courtiers Robert Ophèle, président de l’AMF, a expliqué qu’ Il faudrait rester vigilant face aux plateformes de trading qui propose des investissements avec zéro commission. Robert Ophèle Il a souligné que L’AMF n’est pas en mesure de réguler les activités de ces acteurs. Ces derniers possèdent en effet un passeport européen, leur permettant de proposer leurs services dans l’Hexagone et d’opérer en toute légalité dans un autre pays de l’Union. Robert Ophèle Il faut en effet savoir que tous les régulateurs n’ont pas les mêmes exigences. Ainsi, lorsqu’un courtier spécialisé dans le trading zéro commission s’établit en France et profite d’un encadrement trop permissif, cela engendre des problèmes de concurrence. Plusieurs néo-courtiers, dont Capital, se sont par exemple installés à Chypre. Et pour cause : la CySec, qui est l’autorité de régulation de cet État insulaire, manque de moyens humains par rapport à son homologue français. Le nombre réduit de collaborateurs ne lui permet pas d’assurer un contrôle effectif de toutes les opérations boursières effectuées par les acteurs implantés dans l’île. À titre de comparaison, l’AMF compte 500 salariés, contre seulement une centaine pour la CySec. La vente de flux d’ordres également dans le viseur des autorités La France milite depuis longtemps pour une harmonisation de la régulation des marchés financiers en Europe, voire une centralisation de la fonction de contrôle au sein de l’Esma (Autorité européenne des marchés financiers). Important De son côté, l’AMF insiste sur le fait que le système actuel permet à certains acteurs de se livrer librement au « forum shopping ». En d’autres termes, ils ont la possibilité de choisir sans contrainte leur lieu d’implantation en Europe en fonction de la supervision. Dans un communiqué récent, l’Esma incite les régulateurs nationaux à s’intéresser de plus près à ce sujet. Pour cela, elle les exhorte à en faire « une priorité de supervision » pour la fin de l’année 2021 et le début 2022. Le régulateur européen note l’importance du « payment for order flow » (PFOF) ou la vente des flux d’ordres aux teneurs de marché. C’est une pratique qui se démocratise déjà aux États-Unis, même s’il ne s’agit pas forcément de la meilleure solution pour les clients.