La première puissance économique mondiale est en train de subir les conséquences d'une bulle de crédit qui pèse de plus en plus lourd sur le système. La transition économique du système chinois vers un modèle autocentré demeure pour le moment un véritable défi pour les autorités du pays. Poursuivant sa relance économique et sa volonté de garder son statut de première puissance économique, l'Empire du milieu est aujourd'hui face à un incident qui semble de plus en plus échappé à son contrôle : l'expansion d'une bulle de crédit qui menace continuellement d'éclater. Les dirigeants de la République populaire vont devoir relever de nombreux défis afin de maîtriser la situation. De la relance après la crise financière de 2007-2008 à la formation de la bulle Pour comprendre comment l'économie chinoise est arrivée à un stade où elle risque l'explosion d'une bulle de crédit, il faut d'abord suivre l'évolution du crédit au secteur privé depuis la fin de la crise de 2008. Avec des pertes réelles de 3 à 4 points de croissance, on peut dire que cette dernière a vraiment eu un impact sur la croissance économique du pays. Comme solution de redressement, les autorités ont commencé à améliorer la conjoncture en misant sur les crédits au secteur privé. Ils ont ensuite voulu délaisser leur système assez extraverti basé sur l’accumulation du capital fixe et l’exportation dans des secteurs à faible valeur ajoutée. L'objectif était d'accéder à un modèle de croissance autocentré fondé sur le développement des services et celui de la consommation intérieure. Mais si les dirigeants chinois ont bien planifié leur approche, la réalisation reste à désirer. Les entreprises surendettées demeurent la priorité du secteur bancaire public. Et même si Pékin justifie ses actions par l'importance de ces structures (construction navale, sidérurgie ou autre) dans le secteur social, la réalité a rattrapé les décideurs. En voulant éviter un risque de chômage massif, la Chine est entrée dans une période de surendettement avec un taux de 120 % du PIB. En plus d'être alarmante, la tendance évolue et donne naissance à une bulle qui va sans doute grossir durant les prochaines années. D’un endettement progressif vers un éventuel crash bancaire L'année 2016 a été déterminante en ce qui concerne la progression de l'endettement généré par les crédits au secteur privé. Les analystes parlent même d'une tendance explosive. En atteignant la barre des 115 % du PIB en 2008, le taux d’endettement avait déjà attiré l'attention des économies liées à celle de l'Empire du milieu. Actuellement, il frôle les 210 %. La hausse a été progressive, mais elle restera dominante si on observe la totalité de la dette chinoise. La somme vertigineuse de 22 000 milliards d’euros a été mise en avant dans certains rapports, soit 250 % du PIB si on tient compte de tous les acteurs économiques (État, ménages, entreprises). Les banques chinoises seront les premières victimes de cette situation. Mais si l'éventuel éclatement de cette bulle plane sur la tête des dirigeants chinois sans pour autant les alerter, les autres pays se préparent à un crash bancaire qui aura de lourdes conséquences sur les échanges internationaux. Dans tous les cas, on peut dire que les effets de la crise des Subprimes persistent encore de nos jours. Comment se fait-il que la bulle n’a pas encore éclaté ? La crise promet d'être difficile, mais face à la menace permanente d'un crash, les autorités de Pékin restent confiantes. La République populaire demeure, en effet, performante dans la gestion des dettes publiques puisque que le barème n'est encore qu'à 56 % du PIB. La Commission de Bruxelles a même affirmé qu'avec un ratio continuel de moins de 60 %, la Chine est toujours un modèle dans ce secteur. Cette situation très avantageuse permettra aux dirigeants du pays de limiter les risques et d'amoindrir le choc. Le système aura la capacité de régler le problème des créances douteuses accumulées par les banques officielles, mais également de restructurer les entreprises publiques. La banque centrale chinoise dispose aussi d'une marge de manœuvre en cas de spéculation puisque les réserves de changes restent largement au-dessus des 2 800 milliards de dollars. En dépréciant le yuan, les responsables chinois éviteront une éventuelle crise des changes. La bulle n'est donc pas encore prête de s'éclater. En dernier recours, l'Empire du milieu pourrait toujours s'appuyer sur une stratégie de renforcement du contrôle des changes pour s'en sortir. Cependant, malgré les nombreux leviers à la disposition des responsables, l'importance de l'économie chinoise sur les rapports mondiaux justifie la crainte des autres États partenaires.