En outre-Atlantique, le « shadow banking » progresse à grande vitesse, particulièrement sur le marché immobilier. Depuis 2007, la part que ces nouveaux acteurs de la finance détiennent dans les crédits immobiliers a de fait été multipliée par trois. Attirés par les avantages pratiques offerts par les « shadow bankers », les Américains n’hésitent pas à se tourner vers eux pour la souscription d’un prêt immobilier. La crise des « subprimes » a considérablement marqué les États-Unis dans la mesure où elle a complètement changé la donne sur le marché du crédit américain. L’émergence du « shadow banking » figure parmi les conséquences les plus notables de cette crise. Également appelé finance de l’ombre, finance fantôme ou finance parallèle, le « shadow banking » désigne l’ensemble des activités et des acteurs qui contribuent au financement non bancaire d’une économie. L’irruption de ces nouveaux acteurs sur le marché a bouleversé les habitudes des Américains, particulièrement sur le secteur immobilier. Aujourd’hui, de nombreux Américains souscrivent en effet leur prêt immobilier auprès des « shadow bankers ». Une étude réalisée par des chercheurs des universités de Chicago, Columbia et Stanford révèle qu’aujourd’hui, les banques parallèles détiennent plus du tiers du marché du crédit immobilier américain, plus gros marché du crédit aux États-Unis. Si leur part n’était que de 14% avant la crise financière, elle a progressé à 38% en 2015. Derrière le développement du système bancaire parallèle Outre le durcissement des contraintes règlementaires issu de la crise, le progrès de la technologie est le facteur principal de l’essor du « shadow banking ». Pour les banques traditionnelles américaines qui subissent de plein fouet la concurrence des banques de l’ombre, la réforme règlementaire consécutive à la crise financière a renforcé le développement de la finance parallèle dans le pays. L’étude indique toutefois que seulement 55% de la croissance de ces nouveaux acteurs sont tirées par la règlementation. Les 45% restants proviennent essentiellement des FinTech. Un tiers des prêts octroyés en 2015 émanaient de ces jeunes pousses spécialisées dans la finance. C’est ainsi que la startup Quicken Loans, qui distribue en ligne des crédits immobiliers, est devenue le troisième plus grand prêteur aux États-Unis. Des services financiers plus performants Pour attirer les emprunteurs, les FinTech tirent profit de leur avantage technologique afin de développer des produits qui répondent adéquatement aux attentes de ces derniers. À titre illustratif, leurs nouvelles technologies leur permettent d’analyser de manière plus effective les données clients dont elles disposent et ainsi fixer plus finement les taux d’intérêt. Dans la foulée, ces startups peuvent appliquer des tarifs plus élevés pour leurs services financiers pratiques et innovants qui font la grande satisfaction des consommateurs. En dépit du fait qu’elles sont capables de réaliser une meilleure analyse de données que les banques traditionnelles, il semble que les « shadow banks » ne repèrent pas mieux les emprunteurs fragiles. Il ressort en effet de l’étude que les crédits distribués par les banques parallèles affichent un taux de défaut nettement supérieur à celui des établissements bancaires classiques. Les auteurs de l’étude montrent par ailleurs que les banquiers de l’ombre s’adressent surtout aux emprunteurs les moins solvables. En 2015, 75% de cette catégorie d’emprunteurs contractent un crédit immobilier auprès des banques parallèles.