La perte de l’odorat est répandue chez les personnes infectées par le Covid-19. Ce symptôme peut provoquer des inquiétudes chez les patients. L’étude menée par des médecins de l’hôpital Foch (Suresnes) et des chercheurs de l’université belge de Mons devrait les rassurer. En effet, elle indique que l’anosmie annonce un bon pronostic. Lorsqu’ils souffrent de forme extrêmement grave de Covid-19, les patients doivent être admis en soins intensifs. Or, l’hospitalisation liée à cette infection n’est pas intégralement prise en charge par l’Assurance Maladie. Ainsi, le reste à charge des malades est particulièrement élevé s'ils ne disposent pas d’une mutuelle santé. Dans certains cas, les personnes ayant perdu l’odorat en raison du coronavirus présentent des complications sévères et nécessitent une hospitalisation. Toutefois, la plupart du temps, l’anosmie présage une forme bénigne de la maladie. Il s’agit de la conclusion d’une nouvelle étude réalisée par plusieurs médecins travaillant à l’hôpital Foch et des scientifiques de l’université de Mons. Pourquoi la perte de l’odorat est-elle rassurante ? Selon les auteurs de l’étude, l’anosmie signifie que le SARS-CoV-2 est parvenu dans le système nerveux central. Le chef du service ORL de l'hôpital Foch, Dr Jérôme Lechien, commente : Des images IRM montrent alors une atteinte du bulbe olfactif, une région située à la base du cerveau et qui a un rôle majeur dans l'odorat. Le virus est alors contenu par le système immunitaire. Cela lui évite un passage trop important dans les poumons et dans le sang, ce qui est le cas dans les cas les plus graves. Jérôme Lechien Les chercheurs imputent également la perte du goût à ce phénomène. Par ailleurs, leurs travaux révèlent que 75 à 85 % ayant perdu leur odorat l’ont retrouvé 2 mois après la guérison. Pour sa part, le goût a été recouvré par 90 % des personnes contaminées au terme de la même période. En outre, les médecins ont remarqué que l’usage de corticoïdes permettait de soulager l'inflammation du bulbe olfactif. Les effets de ces substances sur l’odorat sont ainsi bénéfiques. Cette découverte intervient au moment opportun sachant que de nombreux signes indiquent la recrudescence de l’épidémie. Le Dr Jérôme Lechien souligne notamment que les patients se plaignant d’anosmie sont de plus en plus nombreux à se présenter à l'hôpital Foch. Jusqu’à 85 % des malades ayant perdu l’odorat ont présenté des symptômes légers ou modérés de Covid-19 Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont fait appel à 1 300 personnes infectées par le Covid-19 pour étudier la manière dont évolue leur état de santé. Les participants ont été divisés en 4 groupes conformément à la catégorisation établie par l’Organisation mondiale de la santé suivant la gravité des symptômes. Ces derniers peuvent être : Légers, ce qui permet aux patients de rester chez eux sans problème ; Modérés, impliquant une certaine gêne respiratoire ; Sévères, entraînant une détresse respiratoire qui nécessite une hospitalisation visant à couvrir les besoins en oxygène du patient par des apports réguliers ; Très sévères, débouchant le plus souvent sur une admission en soins intensifs et en réanimation. Le Dr Jérôme Lechien note : Les résultats montrent que parmi les patients qui étaient dans les groupes 3 et 4, soit les plus fortement atteints, seuls 10 à 15 % d'entre eux avaient une perte d'odorat. En revanche, ils étaient 70 à 85 % avec ce symptôme dans les groupes 1 et 2, soit les cas les plus bénins. Jérôme Lechien