De nombreux chercheurs dans le monde essaient actuellement de découvrir si le Covid-19 est transmissible de la mère au bébé in utero. Certaines études suggèrent que ce mode de contagion est possible. Toutefois, les scientifiques restent assez dubitatifs sur le sujet. En effet, les nourrissons en question ont également pu être contaminés durant leurs premiers jours de vie. Les professionnels qui proposent une mutuelle maternité font aujourd’hui partie des nombreux acteurs préoccupés par une éventuelle transmission in utero du SRAS-CoV-2. Le virus à l’origine du Covid-19 semble en effet être transmissible de la mère au bébé, selon une étude publiée récemment dans la revue médicale Jama Pediatrics. À Wuhan, point de départ de l’épidémie, des chercheurs chinois ont observé 33 parturientes infectées par le coronavirus. Parmi les cas suivis, 3 nourrissons de sexe masculin ont été diagnostiqués positifs au virus après leur naissance par césarienne. L’essoufflement était le principal symptôme partagé par les nouveau-nés touchés. Cependant, l’hypothèse de la transmission in utero est encore sujette au débat. Des résultats non concluants Le vice-président du Collège royal des obstétriciens et gynécologues du Royaume-Uni, Pat O'Brien M.D, considère que l’étude citée ne permet pas de connaître précisément comment les bébés ont été contaminés. Par ailleurs, les tests ont été réalisés seulement au deuxième jour de vie des nourrissons. Il est donc possible qu’ils aient été infectés après leur naissance. En somme, les résultats des travaux publiés récemment sur le sujet sont loin d’être concluants d’après l’obstétricien. Maître de conférences en biologie de la reproduction à l'université de Cambridge, la docteure Erica Watson a, pour sa part, évoqué plusieurs études permettant d’écarter l’hypothèse de la transmission in utero. Par exemple, les chercheurs ont obtenu des tests négatifs au Covid-19 pour le liquide amniotique et le sang prélevé au niveau du cordon ombilical. Les risques de transmission dans l’utérus sont donc assez faibles. Cette position est également partagée par la docteure Elizabeth Whittaker, consultante en maladies infectieuses pédiatriques au sein de l'hôpital St Marys Paddington. Elle met aussi en avant le manque de preuve concluante concernant la contamination in utero. D’après la spécialiste, l’hypothèse la plus probable reste l’exposition au virus durant ou après l’accouchement. Néanmoins, l’étude dévoilée dans Jama Pediatrics permet dans une certaine mesure de rassurer les femmes qui devront accoucher en pleine pandémie. En effet, 2 des 3 nourrissons infectés étaient nés à terme. Par ailleurs, ils ont présenté des symptômes bénins et n’ont pas eu besoin d’intervention importante pour les faire disparaître. Concernant l’évolution clinique du troisième nourrisson, elle reste conforme à celle d’un bébé né après 31 semaines de grossesse. Des signes différents d’un nourrisson à l’autre Dans le cadre de l’étude considérée, le premier nourrisson testé positif est né à la quarantième semaine de grossesse. Les médecins ont dû procéder à une césarienne en raison d’une pneumonie de la mère liée au Covid-19 et d’un important taux de méconium (selles accumulées dans le tube digestif du fœtus) contenu par le liquide amniotique. Après l’accouchement, le bébé souffrait de léthargie et de forte fièvre. Il a donc été pris en charge par les services de soins intensifs néonataux. Le nourrisson était également atteint de pneumonie. Selon les médecins traitants : Les prélèvements nasopharyngés et anaux étaient positifs pour le SRAS-CoV-2 aux jours 2 et 4 de la vie du bébé et négatifs au jour 6. Le second bébé était également né par césarienne après 40 semaines et 4 jours de grossesse. L’opération était nécessaire en raison de la pneumonie de la mère provoquée par le Covid-19. Le nourrisson était léthargique et présentait des vomissements ainsi que de la fièvre. Les médecins ont notamment constaté une hausse anormale du taux de globules blancs dans l’organisme du bébé (leucocytose), une diminution du nombre de lymphocytes dans son sang (lymphocytopénie) ainsi qu’un niveau important de créatine kinase. Il était également atteint de pneumonie. Comme le premier, ses tests étaient positifs aux deuxième et quatrième jours, puis négatifs au sixième jour. Enfin, le troisième nourrisson était né après 31 semaines de gestation à cause d’une souffrance fœtale. Une césarienne a aussi été nécessaire en raison de la pneumonie maternelle. La détresse respiratoire et la pneumonie du bébé ont disparu au quatorzième jour de vie grâce à un traitement adapté.