Le recours à la téléconsultation médicale a explosé durant la période où les déplacements des Français ont été limités pour limiter la propagation du coronavirus. Doctolib a notamment enregistré 800 000 individus ayant réalisé une consultation vidéo pour la première fois pendant le confinement. Il reste à savoir si cette pratique perdurera maintenant que le dispositif sanitaire a été levé. Au cours de la semaine qui a suivi la mise en place du confinement, l’Assurance Maladie a recensé plus de 527 000 téléconsultations. À titre de comparaison, leur nombre atteignait à peine 10 000 début mars 2020. L’engouement pour cette pratique n’a cessé d’augmenter par la suite. En avril dernier, des chiffres record ont été enregistrés. En effet, plus d’un million de téléconsultations médicales ont été effectuées par semaine durant ce mois. Il faut savoir que la consultation d’un professionnel de santé par vidéo est remboursée à 70 % par la Sécurité sociale. Les 30 % restants sont normalement pris en charge par la mutuelle santé du patient. Une solution complémentaire qui n’a pas vocation à faire disparaître la consultation classique Les Français se rendent de nouveau dans les cabinets médicaux depuis le 11 mai dernier. Toutefois, les professionnels de santé n’envisagent pas de délaisser la téléconsultation. Tel est notamment le cas du Dr Thierry Labarthe, un généraliste qui exerce à Chantepie. Or, il était plutôt réticent à cette alternative au début. Le médecin explique : Je suis plutôt conservateur dans la consultation, mais je comprends que c’est un réel apport pour les patients et pour les personnels soignants. Dr Thierry Labarthe S’il réalisait 80 % de ses consultations par visioconférence durant le confinement, il continue aujourd’hui d’appliquer cette solution les 20 % du temps. D’ailleurs, elle lui permet d’éviter l’engorgement de son cabinet, sans pour autant refuser des patients. Les professionnels de santé s’accordent à dire que la téléconsultation complète la médecine traditionnelle. En revanche, elle ne la remplace pas, comme l’a souligné le chef de projet e-santé au sein de l’Union régionale des professionnels de santé de la Bretagne, Anaïs Clerc. Cette dernière précise toutefois qu’il ne s’agit pas d’une solution à exploiter uniquement lorsqu’une épidémie survient : Elle vient plutôt s’intégrer à la pratique des professionnels de santé. Anaïs Clerc Une alternative aux multiples avantages Pas moins de 2,5 millions de rendez-vous pour une téléconsultation ont été réservés sur Doctolib depuis la mise en place du confinement. Le patient pouvait se connecter à la plateforme aussi bien depuis un ordinateur qu’un smartphone. Un lien pour y accéder lui était envoyé environ 10 minutes avant l’heure fixée pour la consultation. Pour régler le praticien, il devait payer par carte bancaire. Quant à l’ordonnance, il la recevait par e-mail. La progression du recours à la consultation vidéo durant le confinement s’explique notamment par la multiplication des professionnels de santé qui ont décidé d’en proposer. Selon l’Assurance Maladie, leur nombre s’est élevé à 45 000. D’après le Dr Labarthe, cette solution a permis aux praticiens d’apporter leur expertise tout en limitant les déplacements. Le gain de temps qui en découle est aussi important. Une patiente note : On peut échanger avec un médecin de façon rapide et il peut notamment nous délivrer une ordonnance sans avoir à attendre un rendez-vous pour obtenir le sésame. […] On a l’impression d’avoir un médecin à domicile. Dr Thierry Labarthe La consultation vidéo présente toutefois des limites. La vice-présidente de SOS Médecins France, Virginie Blons, précise que certains actes médicaux nécessitent la présence du patient : prise de tension, palpation, etc.