Le reste à charge zéro est censé être effectif depuis le début de l’année pour les équipements optiques. Toutefois, son application se révèle particulièrement compliquée pour tous les acteurs concernés, y compris les opticiens et les organismes de complémentaire santé. De leur côté, les patients ont également du mal à s’y retrouver et préfèrent décaler une acquisition pourtant nécessaire. Avec la réforme 100 % santé, les Français ont la possibilité d’obtenir des lunettes sans reste à charge, indépendamment de leur mutuelle et de leur contrat d’assurance optique. De nombreuses personnes ont donc attendu le déploiement de cette nouvelle mesure prometteuse avant d’acheter leurs montures et leurs verres optiques. Cependant, dans la pratique, la réforme tend à compliquer davantage les contraintes administratives pour pouvoir bénéficier d’une prise en charge intégrale. Ce désagrément ne concerne pas uniquement les assurés, mais aussi les opticiens et les complémentaires santé. Au final, les patients restent réticents à acquérir ou à remplacer leurs équipements optiques. Des situation inattendues La réforme 100 % santé aurait dû s’appliquer aux équipements optiques dès début 2020, suivant le calendrier prévu pour son déploiement progressif. Toutefois, les systèmes informatiques des mutuelles n’avaient pas encore intégré ce nouveau paramètre au 1er janvier dernier. À cause de ce retard, de nombreux patients n’ont pas pu bénéficier du système de tiers payant chez les opticiens. Certains clients ont même décidé de remettre leur achat à plus tard pour cette raison. Ainsi, le zéro reste à charge n’a pas atteint son principal objectif : faciliter l’accès aux soins et aux équipements optiques. Dans d’autres cas, les demandes de remboursement sont transmises sans problème à leur destinataire. En revanche, les opticiens et les mutuelles sont souvent en désaccord par rapport au contenu des devis. Selon les assurés, les complémentaires ont tendance à exiger toujours plus de détails, allant parfois jusqu’aux prescriptions des ophtalmologues. Pourtant, les ordonnances sont soumises au secret médical en France, mettant ainsi le patient dans une situation délicate. Une réforme contraignante Les Français ont attendu avec impatience l’intégration de l’optique dans le champ d’application de la réforme 100 % santé. Toutefois, les patients se sont retrouvés désemparés devant la complexité de la situation et la multiplication des litiges en la matière. Les mutuelles comme les opticiens semblent tout aussi déconcertés que les assurés. Le problème vient notamment des différentes contraintes administratives rencontrées dans le domaine. Ils affectent par ailleurs tous les niveaux de la chaîne, de l’acheteur aux complémentaires en passant par les réseaux de distribution d’équipements optiques. Suivant les directives de l’Assurance Maladie, les opticiens sont désormais tenus de mettre en place une nomenclature exhaustive pour l’ensemble des verres correcteurs proposés aux consommateurs. Avant la réforme, cette disposition ne concernait qu’une dizaine de dossiers. De ce fait, les boutiques spécialisées en équipements optiques se retrouvent devant une véritable gageure sur le plan technique. En effet, leur système informatique devra désormais traiter les données pour les corrections individuelles.