Une équipe de chercheurs britanniques a récemment montré les effets psychologiques à long terme des mises en quarantaine, dans un contexte où plusieurs pays ont adopté cette mesure contre le Covid-19. Les personnes concernées peuvent notamment ressentir de la confusion, de la frustration ou de la colère. Certains sujets développent même des syndromes de stress post-traumatique. D’habitude, en cette période de l’année, les contrats de mutuelle santé sont surtout sollicités pour les maladies saisonnières comme la grippe ou encore la gastroentérite. Cependant, l’hiver 2019-2020 se révèle plus inquiétant avec l’épidémie de coronavirus qui ne cesse de gagner de l’ampleur à l’échelle mondiale. Au début de ce mois, le bilan du Covid-19 indique 3 000 décès et plus de 86 000 contaminations dans une soixantaine de pays. Les régions plus touchées, à savoir la Chine et l’Italie, ont déjà mis en place des mesures de quarantaine dans certaines zones. La France, pour sa part, a commencé à interdire les grands rassemblements par précaution. Importance de l’information pour la population Pour comprendre l’impact psychologique de la quarantaine, les scientifiques du King’s College (Londres) ont traité les données issues de 24 études effectuées dans dix pays. Ces différents travaux se sont notamment focalisés sur des patients atteints du SRAS ou syndrome respiratoire aigu sévère, de l’Ebola, du H1N1, de la grippe équine et du MERS ou Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient. Les résultats montrent que durant une période de quarantaine, le mental des individus concernés est particulièrement sollicité par le manque de fournitures indispensables au quotidien (nourriture, eau, produits sanitaires, etc.). Par ailleurs, ils sont souvent affectés par les problèmes d’informations au niveau des autorités concernant les mesures à prendre ou même les objectifs de la quarantaine. Le manque d’information peut d’ailleurs alimenter les interprétations catastrophiques et la psychose au sein de la population. Pourtant, les individus en quarantaine sont déjà stressés par la peur d’être contaminés ou d’infecter les autres. Par conséquent, l’équipe de scientifiques du King’s College incite les autorités sanitaires et les pouvoirs publics à améliorer leur stratégie de communication dès le lancement de la procédure de quarantaine. Il faudra clarifier au mieux la situation et informer le public sur les éventuels changements. La population sera ainsi plus rassurée et moins sujette aux troubles psychologiques. Risques importants de détérioration de la santé mentale Selon les chercheurs britanniques, la quarantaine a un effet néfaste sur l’état psychologique des personnes concernées. Ces dernières sont notamment plus exposées aux sentiments de peur et de colère, à un risque de dépression ou d’abus de substances (alcool ou narcotiques) ainsi qu’au syndrome de stress post-traumatique. En général, les dommages les plus importants ont été constatés chez les professionnels de santé et les personnes avec des antécédents de troubles psychiatriques. La quarantaine étant une expérience assez effrayante, ces catégories de population se révèlent plus vulnérables à ses effets négatifs sur la santé mentale. Parfois, les séquelles ne sont détectées que plusieurs mois, voire des années après l’évènement. Ainsi, d’après les auteurs de l’étude, les autorités concernées devraient prendre des dispositions en conséquence. Il faudrait notamment mettre en place des mesures spécifiques pour limiter les effets psychologiques de la quarantaine sur la population. Les autorités sanitaires pourraient, par exemple, prévoir des dispositifs d’accompagnement pour les professionnels de santé et les sujets les plus vulnérables. Les chercheurs ont également noté que la durée de la période de quarantaine influait grandement sur l’altération de la santé mentale des individus. En effet, ce facteur tend en effet à accroître le sentiment de détresse chez ces derniers. Selon les scientifiques, la quarantaine est potentiellement nocive au-delà de 10 jours.