Le confinement risque d’entraîner des séquelles psychologiques sur le long terme

Écrit par La rédaction Meilleurtaux . Mis à jour le 24 avril 2020 .
Temps de lecture : 4 min

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Publié le lundi 27 avril 2020 09:59 par la Rédaction Meilleurtaux

En l’absence de vaccin et de traitement reconnu, le confinement est jusqu’à présent la solution privilégiée dans le monde pour endiguer la pandémie de Covid-19. Des chercheurs britanniques ont néanmoins tenu à prévenir les pouvoirs publics de son impact potentiellement néfaste sur la santé mentale de la population. Des mesures d’accompagnement psychologiques sont notamment nécessaires pour limiter les dégâts.

Depuis son évolution en pandémie, les questions directement liées à la propagation du coronavirus priment souvent sur tout le reste. Il s’agit en effet d’un problème grave et urgent menaçant l’espèce humaine. Les restrictions de sortie strictes décidées par les dirigeants des pays les plus touchés sont donc tout à fait compréhensibles. La France, par exemple, a appliqué le confinement total depuis le 17 mars dernier.

Cependant, les autorités mondiales devraient également tenir compte des conséquences psychologiques de ces dispositions sur les personnes en quarantaine. Selon plusieurs études récentes, les organismes de mutuelle santé risquent d’observer une multiplication des problèmes de santé mentale après la crise sanitaire.

Un problème déjà constaté à Wuhan

Du 31 janvier au 10 février 2020, une équipe du Centre de santé mentale de Shanghai a mené une enquête en ligne auprès de 53 000 Chinois confinés et répartis dans tout le pays. Les résultats de cette étude ont ensuite été publiés dans la revue General Psychiatry du 6 mars dernier. Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont constaté des formes de détresse psychologique chez 35 % des personnes interrogées.

Les habitants avaient tendance à présenter des niveaux de détresse plus importants dans le Hubei, le premier foyer du virus, et dans le centre de la Chine en général. Ces zones ont notamment été marquées par des mesures plus strictes en matière de confinement. De ce fait, le dispositif de quarantaine a davantage affecté la santé mentale de la population dans ces régions.

Étant la ville d’origine du virus, Wuhan a été particulièrement touchée par l’épidémie ainsi que les troubles mentaux qui s’ensuivent. Ces problèmes ont par ailleurs été aggravés par la quarantaine et le sentiment de solitude inhérent à ce dispositif.

Comme l’explique la sociologue Simeng Wang, spécialiste de la diaspora chinoise et des questions de santé mentale au CNRS :

On a vu des cas de personnes angoissées pour leur santé, qui stressaient en permanence, et d'autres anxieuses de voir la société chinoise ainsi déstabilisée. Il y a aussi des formes de psychoses, avec des discours de fin du monde, et des dépressions.

Simeng Wang

Ces troubles d’ordre psychologique peuvent également se transformer en problème sociétal dans les villes confinées, par exemple, à travers l’augmentation du nombre de violences conjugales. Dans la province du Hubei, un commissariat a notamment remarqué que les signalements ont triplé depuis le début du confinement. Le taux de divorce est également en forte hausse dans le pays.

Des mesures à adopter avec discernement

Le 14 mars dernier, une équipe du département de psychologie du King’s College de Londres a publié un article mettant en garde contre les effets néfastes du confinement sur la santé mentale de la population.

Ces chercheurs ont reconnu d’emblée la nécessité d’imposer ces mesures pour lutter contre la propagation du coronavirus. Toutefois, ils recommandent la plus grande prudence avant d’opter pour cette solution ou de durcir les règles déjà en place.

Les psychologues britanniques craignent en effet que la lutte contre la pandémie actuelle n’entraîne l’apparition d’une autre vague de troubles, mentaux cette fois-ci. Ces problèmes sont par ailleurs plus sournois, donc compliqués à détecter et à traiter à grande échelle. Néanmoins, un tel scénario reste évitable à condition de prendre les précautions qui s’imposent.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs britanniques ont analysé les données de 24 études portant sur les effets des confinements durant les épidémies antérieures. Il s’agit notamment du SRAS (2003), du H1N1 (2009-2010) et de l’Ebola (depuis 2014). En Chine, en Afrique ou encore au Canada, les autorités ont décidé de gérer la crise sanitaire entraînée par ces maladies en mettant en quarantaine une partie de la population, voire des villes entières.

Dans l’ensemble, l’équipe du King’s College a noté les effets négatifs du confinement sur la santé mentale des groupes concernés. Certaines études évoquent même des impacts psychologiques à long terme comme les symptômes post-traumatiques. Le trouble touche indifféremment les adultes et les enfants, surtout sur des périodes de quarantaine supérieures à 10 jours.

Les personnes confinées sont généralement affectées par l’ennui, la frustration et l’isolement social. Au fil du temps, ces sentiments négatifs peuvent se transformer en stress, colère, fatigue émotionnelle, dépression, etc. Si les sujets à risque sont les plus vulnérables, le confinement peut déstabiliser n’importe quel individu.

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La rédaction Meilleurtaux