L’insuffisance de l’offre de médicaments face à la demande est, depuis quelque temps, un contexte de plus en plus inquiétant en Europe, et surtout sur le territoire français. Un réel problème qui a suscité les réactions du corps médical en mettant à la lumière du jour leurs opinions dans le Journal du Dimanche, enjoignant les pouvoirs publics à concocter des solutions efficaces et pérennes. Forte concurrence à l’échelle mondiale, guerre des prix, sous-traitance pour gagner davantage de profit… Il est clair que les stratégies mises en œuvre, ces dernières années, par les producteurs de médicaments se retournent contre eux. En effet, les ruptures d’approvisionnement n’ont de cesse de s’étendre, menaçant en juin plus de 2 000 produits dans l’Hexagone, dont 25% de demandeurs concernés. Certes, plusieurs mesures ont été instaurées depuis, mais celles-ci semblaient plus porter sur la gestion que sur la prévention des pénuries. Les appréhensions des médecins n’en finissent pas alors de se confirmer, faisant écho à l’angoisse des patients. Ce qui les a conduits à pointer du doigt l’inefficacité des solutions précédemment adoptées. Dans la même foulée, ils ont préconisé non seulement l’optimisation des stocks de médicaments essentiels, mais aussi le rapatriement en Europe de la production des principes actifs. Une revendication qui fait suite à d’autres Le dimanche 18 août 2019 est une date à marquer d’une pierre blanche dans le domaine de la santé. En effet, 26 professionnels médicaux ont eu l’idée de dresser une tribune qui a été, d’ailleurs, rendue publique via l’hebdomadaire Journal du Dimanche. Celle-ci dénonce les pénuries persistantes des médicaments dans toute la France, créant une vague d’angoisse chez les patients. Selon eux : Les malades sont les premières victimes. D’autant que les manques ne touchent pas les très chères innovations thérapeutiques, mais des médicaments peu coûteux qui, bien qu’anciens et tombés dans le domaine public, constituent toujours l’essentiel de la pharmacopée. Ces quémandeurs font appel à l’État pour repenser les solutions avancées jusqu’ici qui loin d’assurer un bon achalandage des produits et d’anticiper les éventuels défauts de provision se concentraient uniquement sur la gérance de stocks. Aussi doit-on voir de près la constitution des stocks des médicaments à fort intérêt thérapeutique, outre leur gestion. Entendant par cela, les vaccins, les antibiotiques et les corticoïdes, mais aussi les médications contre les cancers et les problèmes cardio-vasculaires. Il faut dire que le déséquilibre de l’offre et de la demande a perduré depuis déjà quelques années et les nombreuses innovations au niveau du système de couverture maladie, notamment de la mutuelle santé, n’y ont rien changé. Par ailleurs, cette revendication n’est pas une grande première dans le milieu puisqu’en octobre 2018, plusieurs neurologues ont aussi lancé le même sujet, mais cette fois ils s’étaient limités sur l’état des produits anticancéreux. Une relocalisation de la production est de mise La pénurie de médicaments est sans conteste un problème de santé publique qui ne doit pas être pris à la légère, car en plus d’être persistante, elle est en continuelle progression. De fait, le nombre de traitements en « tension » ou en « rupture de stock » était passé de 44 à 868 entre 2008 et 2018, soit vingt fois plus élevé en seulement une décennie. Et les chiffres sont encore plus ahurissants en juin dernier. 21 000 pharmacies faisaient face à des produits en tension en France, comptant 2 318 selon les données de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Les revendicateurs ont avancé le fait que les défauts de provision proviendraient de la course aux bénéfices des producteurs de médicaments. D’après leurs explications : Les ruptures d’approvisionnement s’expliquent par une incapacité plus ou moins prolongée de production des laboratoires pharmaceutiques, qu’ils soient eux-mêmes façonniers ou qu’ils aient confié cette tâche à des sous-traitants souvent médiocrement intéressés par la fabrication de médicaments de faible rentabilité. Ils ont d’ailleurs ajouté que : Dans la majorité des cas, après des semaines ou des mois de pénurie, les produits réapparaissent sur le marché avec des augmentations non contrôlées des prix. Actuellement, bon nombre de productions sont délocalisées, notamment en Chine, en Inde et en Israël. Ce qui ne laisse qu’une part minime (de 20%) pour les pays européens. Le rapatriement de la production, surtout celle des médicaments essentiels est estimée par les spécialistes comme étant une issue à prendre en compte dans les meilleurs délais. À noter que cette solution figure aussi dans le rapport dressé par le Sénat en octobre 2018, portant le titre « Replacer l’éthique de santé publique au cœur de la chaîne du médicament ».