Le gouvernement luxembourgeois annonce la mise en place d’un dispositif destiné à la création d’environ 4 000 habitations abordables dans le pays, d’ici 4 ans. Les syndicats locaux jugent que cette réforme manque quelque peu d’ambition et n’apporterait pas de solution probante à la crise du logement. Des manifestations sont d’ailleurs prévues dans les prochains jours. Outre le contexte de la crise sanitaire, le logement demeure aussi une problématique récurrente au Luxembourg. Les professionnels du secteur n’ont pas manqué de souligner que les loyers n’augmentent pas au même rythme que les revenus et qu’il était urgent de trouver une solution. Dans cette optique, les dirigeants du pays ont mis au point un dispositif dénommé « Fonds spécial du logement », destiné à la construction et à la rénovation de nouveaux logements, en adéquation avec l’assurance habitation locataire, qui seraient plus abordables. Une belle initiative en apparence, mais certaines associations la jugent insuffisante et ne serait pas à même de répondre efficacement aux problèmes de logements dans le pays. 4 000 logements abordables, mais pas toujours suffisants D'ici 2024, 4 000 logements abordables supplémentaires seront sortis de terre. Un plan découlant du pacte logement 2.0 « Fonds spécial du logement », dont s’était félicité le ministre Henri Kox. Il faut savoir que plus d’un demi-million de dollars, 550 millions pour être précis ont déjà été alloués à ce projet depuis le mois d’avril dernier. Mais l’initiative n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, estiment certains acteurs. Jean-Michel Campella, président de l’association Mieterschutz Lëtzebuerg, a d’ailleurs tapé du poing sur la table, exigeant une vraie réforme pour la mise en place de plus de 30 000 habitations abordables et 4 000 logements sociaux. Au syndicat OGBL d’indiquer : Le contingent de 10 % de logements abordables dans les nouvelles constructions n'est pas suffisant pour contrecarrer la spéculation immobilière. Jean-Michel Campella Certains observateurs vont même jusqu’à qualifier ce plan d’urgence d’« imposture politique ». D’autres professionnels du secteur regrettent, de leur côté, que ce dispositif soit principalement axé sur la construction d’appartements locatifs au détriment des ventes. En outre, ils déplorent qu’il n’y ait pas d’avancées dans l’accès à la propriété en proposant des habitations à bas prix. La moitié du salaire va au loyer La situation immobilière au Luxembourg est en train de s’envenimer, selon les dires de Jean-Michel Campella. Il estime que ce pacte de logement 2.0 exclue certaines catégories de personnes. Aussi a-t-il tenu à souligner que : Les prix actuels excluent par exemple les gens seuls, qui ne peuvent pas accéder à un logement social, car la priorité pour ces logements est accordée aux grandes familles. Jean-Michel Campella D’autres associations pour la défense des locataires n’ont pu, elles non plus, cacher leur mécontentement face au manque d’action du gouvernement alors que la pandémie sanitaire a accentué la crise du logement. Jean-Michelle Campella déplore le fait que certaines personnes consacrent 40 %, voire 60 % de leur salaire au paiement de leur loyer. Toujours d’après le président de Mieterschutz Lëtzebuerg, cette condition touche une grande partie de la population. De plus, les loyers continuent de grimper, contrairement aux revenus, d’où l’urgence de disposer de plus de logements abordables. La situation a pris de telles proportions que des associations prévoient d’organiser des manifestations dans les rues de la capitale.