En 2016, les agriculteurs français ont dû réclamer 420 millions d’euros d’indemnisations en raison des problèmes climatiques. Depuis, l’assurance dédiée à ce type de risque est de plus en plus sollicitée. Les dédommagements dans le domaine pourraient d’ailleurs atteindre 250 millions d’euros pour l’année écoulée selon les analystes. Groupama réclame ainsi une refonte de la gestion des risques. Les solutions MRC (multirisque climatique) fonctionnent, à quelques détails près, comme les contrats d’assurance multirisque habitation (MRH). Seulement, ces offres s’adressent surtout aux agriculteurs et permettent de couvrir leurs productions. Groupama est actuellement le leader sur ce segment en France. À ce titre, l’assureur alerte sur les problèmes survenant dans le secteur. Depuis 2016, de nombreux producteurs ne sont pas parvenus à redresser le bilan économique de leur activité. De même, le marché de l’assurance MRC n’a pas repris depuis cette année, en raison du volume de dédommagements débloqués à la suite des catastrophes liées au dérèglement climatique. Des mesures pour assurer la pérennité de la MRC D’après Groupama, il devient désormais urgent de procéder à des réévaluations stratégiques pour sauver l’ensemble du système. Ainsi, l’an dernier, l’assureur a demandé au gouvernement d’ouvrir un débat sur la manière de gérer les risques climatiques dans le secteur agricole. En juillet 2019, le ministère de l’Agriculture a répondu à cette requête à travers une concertation portant sur la gestion des risques dans le domaine de l’agriculture. Le groupe de travail comprenait des représentants agricoles ainsi que des réassureurs. La réflexion s’est concentrée sur trois thématiques principales : Le lien entre les dispositifs de gestion des risques et l’assurance ; La formation ainsi que les efforts de sensibilisation et de prévention par rapport à ce sujet ; Les défis propres au domaine arboricole. Selon les spécialistes, le nouvel enjeu pour les acteurs du secteur et les assureurs réside désormais dans l’assurabilité des productions agricoles. Comme le souligne le directeur des relations institutionnelles de Groupama, Pascal Viné : Le marché de l’assurance récolte est fragilisé et menacé dans un contexte où le dérèglement climatique déjà perceptible va encore s’accentuer dans un futur proche. Pascal Viné Dans ce contexte, l’assureur milite pour la mise en place d’un pool pour mutualiser les risques entre assureurs et réassureurs privés. Il faudra toutefois veiller à conserver l’aspect concurrentiel du marché. Ainsi, la gestion des risques sera plus efficace en trouvant un terrain d’entente entre les agriculteurs, l’État, les assureurs et les réassureurs. Cette démarche passe nécessairement par la simplification du système actuel. Une période difficile pour les assureurs agricoles Le ratio entre cotisations et indemnisations variait entre 86 et 97 % dans le domaine de l’assurance agricole jusqu’en 2015. En 2016, les dédommagements versés étaient estimés à 231 % des primes récoltées. Le système est donc devenu déficitaire à hauteur de 104 %, en seulement une année. Depuis, le secteur n’est jamais reparti à la hausse. Les projections de Groupama pour 2019 sont tout aussi pessimistes. Elles annoncent d’emblée un déficit important, en raison de la multiplication des épisodes de grêles et d’averses dans certaines régions. Dans d’autres zones géographiques, les cultures sont davantage menacées par la sécheresse. Les dédommagements opérés l’an dernier ont ainsi atteint 250 millions d’euros. Ces données ont été communiquées en février dernier par Groupama Grand Est. Selon les spécialistes, les chiffres de 2019 démontrent concrètement l’utilité des assurances multirisques climatiques. Pourtant, Groupama d’Oc, par exemple, enregistre des déficits notables sur ce type de contrat depuis ces trois dernières années. Son président, Jean-Yves Dagès, indique : L’équilibre du système pour un assureur, compte tenu des coûts de réassurance et divers frais, se situe autour de 72 %. Jean-Yves Dagès En tout cas, l’assurance MRC semble indispensable pour protéger les productions agricoles. Elle a couvert 5,11 millions d’hectares l’an dernier, avec une augmentation de 7,3 % au niveau des surfaces. Cependant, la formule est encore trop peu utilisée en France pour pouvoir mutualiser les risques. D’ailleurs, seulement 30 % des cultures éligibles sont actuellement couvertes.