Du fait de la crise économique, les locataires pourraient être confrontés à des difficultés financières structurelles, en particulier s’ils se retrouvent sans revenus. Les loyers impayés sont ainsi susceptibles de s’accumuler durant les prochains mois. D’autre part, nombre d’étudiants n’ont pas hésité à résilier leur contrat de bail. Les bailleurs du secteur privé risquent d’en pâtir. Les propriétaires ne disposent toujours pas d’une garantie loyer impayé (GLI). Or, les impayés ont considérablement augmenté dans plusieurs zones situées en banlieue parisienne. Quelles solutions le gouvernement compte-t-il mettre en place pour y remédier ? Le système de chômage partiel a déjà permis de stabiliser entre 4 et 5 % le taux d’impayés, en comptant les retards de paiement. C’est ce qu’indique Christophe Demerson, qui préside l'UNPI (Union nationale des propriétaires immobiliers). Autrement dit, la recrudescence du nombre d’impayés constaté par les bailleurs demeure modeste. Pour les mois de mars et d’avril 2020, elle a été évaluée à 0,8 point. Davantage d’efforts financiers pour soutenir le marché de la location ? Le service d’accompagnement dédié aux locataires et aux propriétaires faisant face à des impayés a recensé 3 964 appels téléphoniques en avril dernier. À titre de comparaison, ils se sont chiffrés à 1 475 unités en janvier 2020. Ces données proviennent des Agences départementales d'information sur le logement. Les impayés constatés pendant le confinement ont été causés en partie par des problèmes techniques. En effet, certains locataires n’ont pas pu se rendre dans un bureau de poste ni entrer en contact avec leur concierge durant cette période. D’autres se sont retrouvés dans l’impossibilité temporaire de régler leur loyer, faute de revenus suffisants. Dans ce contexte, Marianne Louis, qui est à la tête de l'USH (Union sociale pour l'habitat), propose de multiplier les fonds de solidarité pour le logement. Elle ajoute que les aides personnalisées au logement peuvent être revalorisées. En tout cas, des efforts ont déjà été observés au niveau gouvernemental. Les bailleurs n’ont notamment pas le droit d’expulser les locataires jusqu'en juillet prochain. Des mesures ont également été instaurées pour relancer le marché de l’immobilier. Par exemple, ceux qui ont souhaité réaliser des visites immobilières avant le 2 juin dernier ont été autorisés à se rendre dans un autre département ou à se déplacer à plus de 100 kilomètres de leur domicile. Le décret y afférent a été dévoilé au Journal officiel le 21 mai dernier. De nombreuses régions et professions sont touchées Marianne Louis affirme qu’habituellement, durant le mois d’avril, les impayés s’établissent à 4 %. Cette année, ils se sont établis à 4,8 %, soit 200 millions d'euros de loyers non réglés. Elle ajoute que les cas d’impayés connaissent surtout une hausse (13 à 18 %) en Seine Saint-Denis. Il en est de même à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), commune dans laquelle habitent notamment des techniciens de surface et des vigiles de l'aéroport de Roissy. Parmi les autres populations fragiles figurent aussi les intermittents du spectacle et les auto-entrepreneurs. Ceux qui ont signé un contrat d’intérim ne sont pas en reste. De leur côté, les bailleurs craignent de devoir affronter plusieurs mois de vacances locatives jusqu’en septembre prochain, comme le relate l’UNPI. En effet, les étudiants qui résident dans les grandes agglomérations à proximité des campus ont été nombreux à avoir résilié leur bail. En même temps, le système de cautionnement gratuit géré par Action Logement ne porte que sur un petit nombre de ménages (200 000 par an). Ce dispositif est censé garantir le règlement des impayés aux bailleurs du secteur privé pendant les trois premières années du contrat.