Depuis plusieurs décennies, les départements du Sud-Ouest de l’Hexagone sont assez familiers des arrêtés déclarant l’état de sécheresse. Cependant, cette année, les demandes de reconnaissance de catastrophe naturelle émanent désormais de régions rarement touchées par le phénomène en question. Tel est le cas de la Bourgogne-Franche-Comté. Le Grand-Est n’est pas en reste. La sécheresse observée au cours de l’année 2018 a endommagé des milliers d’habitations à travers toute la France. Elle a notamment provoqué des fissures et des crevasses dans les maisons. D’habitude, les départements situés dans le sud sont les premiers concernés. Désormais, le phénomène s’étend à des régions jusque-là épargnées. Les murs sont parfois remplis de crevasses pouvant mesurer plusieurs centimètres de large. Les fondations des bâtiments peuvent également se retrouver affaiblies. Dans tous les cas, les propriétaires ont besoin d’une reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle avant de bénéficier d’éventuels dédommagements de la part des compagnies d’assurance. Une situation catastrophique pour la population Depuis 2018, plusieurs régions qui n’ont jamais été touchées par la sécheresse ont commencé à demander une reconnaissance de catastrophe naturelle. Leur nombre a augmenté cette année, révélant ainsi la gravité du phénomène. Or, d’après les experts, l’expansion géographique des effets de la canicule va probablement se poursuivre sur le long terme. Selon Sébastien Gourdier, géotechnicien du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) : Il y a beaucoup d’incertitudes, mais les tendances vont dans le sens d’une augmentation de la fréquence de ces épisodes de sécheresse ou de la durée de ces épisodes caniculaires. Sébastien Gourdier Au regard du nombre de communes et de zones concernées, les observateurs assimilent déjà l’épisode de sécheresse de l’an dernier à la canicule de 2003. Pour la référente départementale des « Oubliés de la canicule », Sandrine Orts, l’émission de l’arrêté de catastrophe naturelle constitue seulement une première étape pour les victimes. L’association défend les propriétaires de biens endommagées par la sécheresse dans 22 départements. En effet, comme l’explique Sandrine Orts : On va pouvoir appeler les assurances, faire la déclaration. (…) [Mais,] ce n’est pas un long fleuve tranquille : l’assurance va envoyer un expert pour voir les dégâts, dire si c’est (causé par) la sécheresse ou pas. Sandrine Orts Passée cette étape, l’assuré pourra bénéficier d’une prise en charge adaptée. L’association les « Oubliés de la canicule » recommande de procéder à une étude approfondie du terrain pour pouvoir réaliser des réparations durables et anticiper les contraintes physiques liées aux sécheresses futures. Les terrains les plus touchés La canicule et ses séquelles font partie des sinistres couverts en assurance habitation. Toutefois, pour bénéficier de cette garantie, l’assuré doit se trouver dans une zone où la sécheresse a été officiellement reconnue par les autorités. Récemment, le gouvernement a reconnu l’état de catastrophe naturelle durant la sécheresse de 2018, pour 262 communes de la Saône-et-Loire. Au moins 3 000 communes ont été touchées par ce phénomène sur tout le territoire français. Les dégâts sur les maisons sont essentiellement dus au mouvement des sols argileux. Ces derniers ont tendance à gonfler à la fin de l’hiver en raison de l’humidité. Ils vont ensuite se rétracter à cause des hausses de température en été et de la baisse de la pluviométrie. Comme le remarque Sébastien Gourdier, l’expert du BRGM : Ces trois, quatre dernières années, on a eu presque chaque année des épisodes un peu chauds et secs. Sébastien Gourdier Par ailleurs, les zones touchées par ce mouvement de retrait-gonflement des sols argileux peuvent varier avec le temps et en fonction de conditions diverses. Selon le spécialiste : En 2017, c’était le sud de la France et la région PACA, en 2018, plutôt le centre et l’est (du pays) et le sud de l’Île-de-France. Sébastien Gourdier Sur les maisons, ce phénomène géologique peut entraîner des pertes d’étanchéité à l’eau ou à l’air, des pertes de valeur du bien ainsi que des travaux de rénovation onéreux. Cependant, les effondrements liés à ce problème sont assez rares.