Une première depuis quinze ans. Le résultat trimestriel de Volkswagen est passé en territoire négatif, plombé par les 6,7 milliards d’euros de provisions destinées à faire face au scandale des moteurs diesel truqués. Tricherie sur les tests antipollution : Volkswagen dans l’œil du cyclone C’est l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres… Le 22 septembre dernier, le constructeur allemand reconnait avoir équipé 11 millions de ses véhicules diesel d’un logiciel de truquage capable de fausser les résultats des contrôles antipollution. En Europe, 8 millions de voitures seraient touchées par ce scandale. Précipité dans la plus grave crise de son histoire, le groupe Volkswagen, qui chapeaute douze marques de voitures, camion et motos, a vu son titre s’effondrer de plus de 30 % sur les marchés boursiers. Sur la seule période juillet-septembre, le géant allemand de l’automobile a enregistré une perte de 3,48 milliards d’euros, conformément aux prévisions annoncées par les analystes, qui tablaient sur 3,47 milliards d’euros. Il s’agit de sa première perte trimestrielle depuis quinze ans. Ses comptes au troisième trimestre ont été pénalisés par une provision de 6,7 milliards d’euros destinée à faire face aux éventuels litiges à venir. Ce montant est légèrement supérieur à celui de 6,5 milliards annoncés fin septembre, quelques jours après les premières révélations. Selon les prévisions, le résultat d’exploitation du constructeur pour 2015 sera « considérablement inférieur » à celui de l’année précédente, qui avait atteint un record de 12,7 milliards d'euros. Suite logique des choses : un nouveau président, en la personne de Matthias Müller, a été nommé pour guider le navire Volkswagen dans la tempête. Des risques juridiques impossibles à évaluer Si le coût exact du scandale reste pour le moment inconnu, chacun y va de sa spéculation. Le Crédit Suisse prévoit par exemple trois scénarios. Dans le meilleur des cas, Volkswagen devra débourser quelque 300 € par véhicule, ce qui représente un coût total de 23 milliards d’euros pour la mise aux normes des 11 millions de voitures concernées. Le scénario le plus probable est celui où le montant total des réparations s’élève à environ 45 milliards d’euros. Et, dans le pire des cas, les réparations pourraient atteindre 2 000 € par véhicule, ce qui porte le coût total à 78 milliards d’euros. Sans compter que le constructeur allemand risque une amende de 37 500 USD par modèle vendu. Le nouveau président du directoire rappelle toutefois qu’« il est encore trop tôt pour connaître précisément les risques juridiques liés au problème du diesel, puisque nous sommes encore dans une phase d’investigations, les facteurs individuels sont complexes, et de nombreuses questions restent en suspens ». Cependant, quelle que soit l’issue de cette affaire, le champion européen de la construction automobile s’attend déjà au pire. Au troisième trimestre, Volkswagen a cédé 19,9 % de sa participation dans le japonais Suzuki Motor, ce qui s’est traduit par une hausse de 29 % de sa trésorerie nette. Et ses réserves de liquidités devraient encore grimper au dernier trimestre 2015 grâce à la cession de sa participation dans la société de prêt LeasePlan, leader mondial du marché de véhicules de leasing. Présent depuis 1966 dans le secteur du crédit auto, à travers Volkswagen Leasing GmbH, le constructeur automobile de Wolfsburg voulait en effet éviter des risques de conflits d’intérêts en poursuivant sur la même voie. Ce qui explique en partie sa décision de revendre les parts détenues dans LeasePlan.